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mardi 3 mars 2015

Le Carnaval de Venise vu par une gourmande. Partie 1


Après une après-midi entière passée à chercher le programme de notre séjour sur internet, à épingler les bons restos, à noter les heures des visites des musées au cas où, à  faire des photos de google map sur l'écran de l'ordinateur avec ma tablette pour avoir les plans toujours sur moi (pas mal l'idée hein ?) le temps est devenu subitement  trop juste. Ce fût complètement stressée que je me retrouvai en tant que passagère dans la voiture en direction de l'aéroport - Il paraît que j'ai les bras croisés et que je fixe la route sans broncher quand je suis stressée... dixit mon chéri... - Et ce fût finalement  avec une heure d'avance que nous arrivâmes à l'enregistrement. Je pouvais au moins respirer ... et décroiser les bras

Pour caler une petite faim et aussi pour passer le temps je mangeai un truc infâme, un genre de sandwich sans beurre ni rien avec un morceau de jambon sans goût. Je me suis toujours demandée comment les aéroports faisaient pour fournir des en-cas aussi mauvais. Ils devaient très certainement avoir un secret et le garder bien au chaud dans un coin de leur salle d'embarquement... La mie du sandwich était si crue que je savais déjà qu'il allait me rester sur l'estomac. Bien évidemment ... je me suis rendu compte très vite que j'avais oublié ma petite bouteille d'huile essentielle de menthe sur la table du salon...  Mon chéri, quant à lui, peut tout avaler, tout passe. Je me dis parfois que c'est une injustice mais une injustice !

Nous arrivâmes à Venise vers 21h, le temps de prendre la navette et ensuite le vaporetto ce fût vers 23 heures que nous franchîmes la porte de notre somptueuse chambre toute décorée de velours rouge. Un lourd lustre noir en cristal de Murano tombait du plafond et illuminait d'une lumière douce notre antre de 3 jours. Pas question de faire les choses à moitié pour notre tout premier carnaval. Vingt ans que j'en rêvais et ça y était ! J'y étais ! J'y étais !!

Hotel Al Duca Di Venezia

Totalement excitée comme une puce il n'était pas question que nous allions dormir tout de suite tout attirant que soit notre lit de prince et de princesse.  Je me devais de voir, de sentir, de humer la plus belle ville qu'il soit au monde. En plus nous avions notre forfait 72 heures pour le vaporetto ! Andiamo scoprire Venezia e bevere un prosecco amore mio ! (Allons découvrir Venise et boire un verre de Prosecco mon amour)

Nous nous habillâmes chaudement - gants, écharpe et bonnet - et nous partîmes bras dessus bras dessous dans les ruelles froides d'un mois de février. Il y faisait étrangement calme. Il faut dire que nous avions choisi le quartier San Polo pour cette raison. Je n'avais pas du tout envie d'être dans la cohue. Cependant rien ne présageait encore que nous étions pendant l'une des périodes les plus festives de l'année.  Quelques promeneurs arpentaient les vieilles rues probablement à la recherche d'un dernier bistrot ouvert. Tout comme nous d'ailleurs. Nous voulions fêter le début de notre week end avec un bon petit verre, en amoureux, les yeux dans les yeux. Encore fallait-il le trouver. Et cette tâche allait s'avérer compliquée.

Après avoir dû rebrousser notre chemin à cause de l'aqua alta nous décidâmes de prendre la ligne N du vaporetto, celle de nuit, pour nous rendre à la Piazza San Marco. Le vent nous giflait le visage mais malgré tout nous restions assis à l'avant du bateau à admirer les différents tableaux qui s'offraient à nous. C'était déjà notre cinquième séjour à Venise et pourtant la regarder ainsi paisible nous procurait toujours autant d'émoi. A cette heure tardive il y avaient encore beaucoup de touristes avec leur valise à leurs pieds. La Sérénissime ne s'arrêtait donc jamais.

Piazza San Marco - déjà la seule évocation de ce lieu a toujours crée en moi une sensation immédiate au creux de mon ventre, ma gorge se serre et des larmes me montent aux yeux. Toute cette eau sans doute !  Des estrades en bois étaient disposées laissant bien comprendre, en cas où nous aurions encore eu un doute à ce sujet que nous allions voir le coeur de Venise immergé par les eaux. Effectivement un merveilleux spectacle étaient en train de se jouer devant nous : la place et la lagune unies sous le clair de lune. Le reflet des réverbères sur l'eau créait une aura particulière que quelques photographes voulaient saisir.  Cette merveilleuse cité semblait endormie et quelque peu perturbée par ses eaux montantes. Le carnaval semblait discret. Des illuminations formaient des cordons lumineux sous les passages couverts et nous, nous étions toujours à la recherche de notre prosecco... Le Hard Rock café nous refoula gentiment ... A notre humble avis nous allions devoir nous résoudre à ouvrir notre petite bouteille dans le frigo de notre chambre!

C'est ce que nous avons fait une heure plus tard quand, transis de froid mais heureux, nous regagnâmes notre jolie chambre romantique.

Samedi, jour 1 :

Après un petit déjeuner très correct nous prîmes le vaporetto pour l'Accademia dans le Dorsoduro dans le but de visiter le musée Guggenheim dans le Palais Venier

Le musée fût très intéressant à partir du moment où on connaît un peu l'histoire de Peggy Guggenheim et de sa collection. Cette riche américaine qui vint finir ses jours dans le Palais Venier entourée de ses chiens et de ses toiles. Peggy fût une mécène pour beaucoup d'artistes du début du siècle dernier. C'était très émouvant de voir dans un coin du jardin sa tombe à côté de celle de tous ses toutous. Madame Buterfly, Peggeen, Mister Herbert, Hong Kong,... Il n'y a pas à dire c'était quelqu'un d'original cette dame Guggenheim. Des immenses photos décoraient les murs de la caféria
Maintenant je peux dire que je sais ce qu'est un Kadinsky ou un Pollock. Un peu de culture c'est toujours bon à prendre.

Peggy Guggenheim dans les années 30

Nous partîmes ensuite pour notre restaurant préféré "La Palanca" sur l'Ile de la Giudecca.
Comme la toute première fois nous passâmes un merveilleux moment dans cet établissement face aux Zattere. Un endroit tranquille où la lagune aime se fracasser contre les quais.





















Sur le mur de la petite salle un poster de l'Orient Express et tout doucement une idée prit forme dans mon esprit.... Fallait que j'aille voir à mon retour les prix de....

La ballade dans le Dorsoduro nous emmena dans un petit coin que nous ne connaissions pas. Je ne savais où donner de la gâchette tellement la luminosité était belle et mettait en valeur le moindre bout de mur que je voyais. Un belle demeure qui semblait abandonnée attira mon attention... Qu'il serait doux de vivre ici quelques mois, de se familiariser avec cette culture, de l'apprendre et de l'aimer. Dans le quartier plus loin quelques galeries proposaient des toiles très colorées d'artistes contemporains.




Un tour de vaporetto plus loin et nous arrivâmes à San Marco. De tendres rayons de soleil faisaient leur apparition et baignaient la terrasse de l'Hotel Monaco d'une atmosphère bien accueillante. Tout juste ce qu'il nous fallait pour nous décider d'y prendre un capuccino face à un Grand Canal toujours grouillant de vie. Derrière nous une dame d'un certain âge sirotait un verre de vin en compagnie d'un monsieur très chic.


Cappucino : 8 euros. Prix encore correct pour une vue comme celle-là

Quatre heures de l'après-midi et nous n'avions toujours pas vu un seul masqué ! Un vrai devrai-je dire... Quelques personnes arboraient bien un loup question de participer à leur manière à cette joyeuse fête mais pas encore de toilettes mirobolantes. Ce ne fût que lorsque nous nous rendîmes sur la Piazza San Marco pour l'arrivée de la procession des "Fêtes des Marie" que nos yeux furent éblouis par tant de couleurs, de beauté et de magie. C'était donc là qu'ils se cachaient !!!! Impossible d'approcher le cortège mais la vraie féérie était ailleurs. La Piazza San Marco était remplie de touristes. Mon coeur se serra de nouveau. J'y étais.... Comment cela se pouvait-il que ce fût aussi merveilleusement magique et que j'ai attendu autant d'années pour assister au Carnaval de Venise? Je me sentais légère. Heureuse et légère.





Un petit air de Lady Di non ?

Autant passer le temps à dessiner pour certains....

Un joli marquis aux yeux soulignés de noir

Et ses chaussures !

Et un petit chien effrayé par tout ce remue ménage. Mon dieu qu'il est adorable !

Pendant que la foule se focalisait sur le cortège nous courions d'un endroit à l'autre - surtout moi - pour immortaliser la pause ou le costume. J'avais beaucoup trop de stimuli ! je rayonnais, je discourais, je pétais une durite...

Le soleil allait bientôt se couchait et je tenais à ce que nous nous rendions à San Giorgio espérant voir quelques costumes se faire tirer le portrait. Devant le Florian une foule en attente d'une place papotait entre elle tandis qu'assis à une table un jeune garçon perdu dans ses pensées tenait la main de sa belle.

Plus loin, face au Grand Canal, une allégorique prenait la pause devant une foule de photographes avertis. Il y avait tellement de gens autour d'elle qu'il était presque impossible de l'approcher.






Se déguiser ou fumer il faut choisir...
San Giorgio était quasiment déserté. Le vent commençait à se lever et le froid engourdissait nos doigts. Une costumée en mauve et blanc suivait les demandes fantaisistes d'un photographe. Pauvre demoiselle toute grelottante n'espérant qu'une chose à cette heure : pouvoir enfin aller à la toilette et manger un bout !


Qu'est-ce que je boirais bien une bonne tasse de chocolat chaud... Il est quelle heure déjà?...

Ouais... j'la tiens celle-là!

Vers 19 h30, après nous nous soyons réchauffés un peu dans notre chambre nous repartîmes pour le centre. Ce soir, nous allions manger des cicchetti, question de ne pas faire gonfler trop fort le budget. Et puis des cicchetti, cette sorte de tranche de baguette recouverte d'une préparation sophistiquée ou moins sophistiquée c'est toujours un plaisir pour le palais et pour les papilles !!! C'est vraiment trop bon.

Bien habillés - je veux dire habillés chaudement - nous nous rendîmes sur la place du marché, près du pont du Rialto. La place était noire de monde. Un DJ mettait l'ambiance. Les historiques se dandinaient sur une chanson de Beyonce. Nous embarquâmes avec nous quelques cicchetti et un verre de Chardonnay et nous partîmes les manger près du Grand Canal. Une palette non loin allait nous servir à la fois de banc et de table. Manger des cicchetti face au grand Canal sur une musique endiablée de Beyoncé mélangée à des coups sourds et répétés de tambourins c'était assez romantique ! Le Chardonnay était parfait et les cicchetti alla baccala (traduire à la morue séchée) une pure merveille. Mon dieu que c'était bon. Je ferais bien un aller retour rien que pour manger des cicchetti alla baccala.

Cette soirée nous n'allions pas la faire trop longue. Mes jambes étaient toute frigorifiées malgré mes collants en laine. Vers 22h nous regagnâmes le confort douillet de notre chambre. Mon chéri sombrât rapidement dans les bras de Morphée quant à moi je partis pour un voyage dans les années 30 au bras de Peggy Guggenheim avec son autobiographie que j'avais décidée de relire après notre visite au musée Venier.

La suite dans un prochain billet


Bonne nuit !!


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