Dimanche, deuxième jour
J'avais réglé le réveil à 7h pour profiter un maximum de cette deuxième journée. Après le petit déjeuner nous partîmes pour une ballade dans San Polo. Venise se réveillait à peine. Dans la rue, quelques personnes costumées se pressaient pour se rendre à la Piazza San MarcoNous fîmes comme eux car nous ne voulions pas rater l'événement du jour à savoir le saut de l'Ange. Cérémonie qui marque l'ouverture officielle du célèbre carnaval de Venise.
Plus nous nous rapprochions du centre névralgique et plus les ruelles étaient bondées. Des policiers guidaient les curieux. Quand nous débouchâmes enfin sur la place celle-ci était déjà bien sollicitée. Nous nous frayâmes un chemin jusqu'à un endroit où nous serions bien positionnés et d'où nous pourrions évacuer facilement.
Les gens s'agglutinaient et attendaient que la plus belle jeune-fille choisie par la Ville de Venise fasse son saut du haut du Campanile. C'est avec une nuque raidie que j'immortalisai cet instant magique.
Sur l'écran géant on pouvait voir la mine souriante de la jeune fille toute d'orange vêtue; elle faisait signe à 100000 personnes agglutinées telles des sardines dans une boîte à conserve trop étroite. Oui pendant quelques minutes je fus une sardine. Mais une sardine heureuse ! Pour rien au monde je n'aurais échangé ma place avec quelqu'un d'autre. Probablement qu'aimer Venise aide à se sentir plus en harmonie avec ce genre d'événement. Quand l'ange toucha le sol, des feux d'artifices s'allumèrent et jaillirent telle une explosion.
Le carnaval était officiellement ouvert.
En deux ou trois minutes, quelques mouvements de foules emportèrent des marées humaines vers les galeries couvertes. Prudents, mon amoureux et moi attendîmes, blottis contre une colonne, la dissolution de la première vague. Une fois la place un peu désengorgée nous rejoignîmes le quai où nous prîmes le vaporetto pour le Dorsoduro
Aujourd'hui midi nous allions mangé en bord de l'eau des cicchetti dans un petit bar à vin où toute une faune s'était manifestement donné rendez-vous. Et c'est le verre de spritz à la main et la cicchetti dans l'autre, qu'émerveillés nous débriffâmes sur ce que nous venions de voir. De nouveau je connaissais l'extase avec les petits pains alla baccala. Dommage que je ne pouvais pas en mettre dans mon sac à mains pour le retour en Belgique.
Une gelato plus tard dégustée sur le Campo San Barnaba nous rencontrâmes un photographe français et son épouse. Ils se félicitaient d'assister à leur sixième carnaval. Il connaissait une certaine Solange, allégorique de son état et à l'accent du sud bien trempé qui prenait la pose devant le grand canal. Sa tenue rose rutilante se mariait très bien avec les couleurs de la lagune en arrière plan. Par ses paroles, elle démystifia un peu l'engouement de se prêter au jeu du déguisement du moins sous la forme des allégoriques - puisque ceux-ci portent en général des masques et des costumes très sophistiqués - en nous confiant qu'à 13 heures elle n'avait toujours ni mangé ni bu. Selon ses dires certains costumés avaient des problèmes de santé au bout des 15 jours de Carnaval car bien évidemment ils évitaient de boire pour ne pas devoir aller à la toilette... Vu sous cet angle je me disais qu'il fallait être vraiment très motivé. Toutefois cette Solange était adorable tellement elle était passionnée et nous a laissé le souvenir d'une belle rencontre.
L'exposition sur la divine marquise à laquelle nous rendîmes était très intéressante et formait un lien parfait avec notre visite du musée Guggenheim puisque ce fût ce personnage haut en couleurs, à savoir la marquise Louisa Casatti qui vendit son palais, le Palais Venier à Peggy Guggenheim. C'est elle qui inspira aussi le bijoutier Rodier pour sa panthère. Cette dame avait en effet pour habitude de se promener entourée de ses trois gros félins ! On peut dire qu'elle marqua son temps et les esprits
Fin d'après-midi nous pénétrâmes dans les salons baroques du célèbre Danieli pour y déguster un café. Cette enseigne reçu des des invités prestigieux tels qu'Honoré de Balzac, Charles Dikkens ou Richard Wagner mais servit aussi de lieu de tournage pour certains films - James Bond, Indiana Jones ou plus récemment The Tourist.
Et on comprend cet engouement pour ce merveilleux décor où le temps semble n'avoir aucune prise. Le bureau de la réception, imposant dans son bois savamment travaillé, ses salons confortables où l'on peut siroter un café accompagné de biscuits parfumés à l'eau d'oranger, ses escaliers aux moulures extravagantes et ses lustres brillant de mille feux. Cet endroit extraordinaire inspirait à la contemplation où les parfum du siècle dernier flottaient encore dans l'air. On imaginait aisément les élégantes en robes longues gravir les marches pour se rendre dans leur chambre.
Un couple d'historiques sirotait leur café assis à la table en face de nous et semblait s'amuser beaucoup dans leur accoutrement. Un garçon à la veste blanche impeccable nous apporta nos americano et une assiette de biscuits que nous dévorâmes presque tout de suite. Je profitai de ce moment pour compléter mon carnet de notse tandis que mon amoureux cadrait tous les recoins de cet hôtel.
Il était déjà 18h30. Tout juste le temps de prendre le vaporetto. Pour ce soir j'avais réservé Au Paradis Perdu, petit restaurant situé dans ce quartier moins touristique du Canareggio, l'ancien ghetto de Venise.
Nous entrâmes dans un restaurant bruyant et rempli mais passé ce premier instant de stupeur nous nous rendîmes vite compte que nous étions dans un de ces endroits typiques tant recherchés. Ici pas beaucoup d'intimité et pourtant.... Nous partageâmes une très longue table avec d'autres couples assis à notre gauche et à notre droite, du vieux rock passait en fond sonore, un serveur de type indien vint prendre notre commande. Dans un tel restaurant le poisson était de mise. Le chef avec sa toque blanche et ses cheveux gris négligés qui s'en échappaient déambulait entre les tables. Nous le vîmes aussi très séduit par une table de jolies jeune-filles ... Notre soirée fût très romantique.
Nous reprîmes le vaporetto en direction de notre hôtel et nous effondrâmes sur notre lit, le ventre bien rempli.
Pour voir la partie 1 du séjour cliquez ici
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